Oiseau qui aime à rire au soleil, dans la lueur de l’aube torride, tu nargues les bateaux lointains. Le voyageur au long cours ne verra ces couleurs, n’entendra ces accords, sans risquer d’y rester.
Les requins se sont rapproché, nous les y avons forcés. Les sirènes maintenant dansent avec eux, et leurs enfants sont beaux et forts. Ils ne connaissent ni la peur, ni le laid.
Un soir, nageant seul et n’étant pas enfant de sirène et de requin, je pris peur d’un amas de bois qui flottait tant bien que mal entre la pénombre de la nuit et les eaux obscures de l’océan. Il se sera détaché surement d’un radeau lointain, le radeau de la méduse, peut-être. Plus tard je compris qu’il s’agissait d’une tortue, perdue, comme moi.
Tortue solitaire, je ne sus t’aider. Je ne pourrais que garder ton souvenir, et donner à ton insu, un sens à notre rencontre.
Et toi le crabe fâcheux, tu me diras que je n’avais pas à te manger. Tu auras ainsi su ne pas te faire oublier et je crus un instant passer, mais bien sur je repartais, c’était un beau jour pourtant.
Finitude, entre deux incertitudes il y a ce jardin, rond. J’y aurais vu les gorges délicates de Tabatinga, avec ses bijoux précieux, et me serais étonné que personne ne les eût encore volés.
En Corée, une bonne âme qui ne venait pas de Sichuan, recherchait son père qui l’avait abandonnée. Il venait de là-bas, de quelque part au delà de ce pont. Et dans la nuit nous regardâmes en silence le Seoul des pauvres.
Au Ladhak les passants font tourner les rouleaux à prière, comme pour se rappeler que c’est bien en rond qu’il s’agit de tourner. Fine intuition que leurs guides leur ont léguée, et faire le tour du monde serait probablement l’ultime pèlerinage. Pourtant ce tour est impossible, car à notre retour, nous aurons vieilli, et c’est plutôt d’une spirale dont il s’agit.
Aussi le grain de sable que je croisais sur les dunes de Huacachina au Pérou, avait fière allure avec son bonnet et ses lunettes d’aviateur, derrière lesquelles je devinais des yeux exorbités. Je ne sus dire si sa grimace était de peur, ou d’une joie intense. Il passait à l’instant une crête: “haaaaaaaaaaaaaaa”, et je saisissait l’instant d’après: “hahahaaaaaaaaaaa”, son rire résonant d’entre les dunes. Il finit probablement dans l’eau de l’oasis, à moins qu’il n’eut poussé jusqu’au Brésil, au Maranhão peut-être, au bord d’un lagon.
Bangkok. Des eaux saumâtres, sortit le varan. Il apparue tel le crocodile d’Amazonie—de ceux que l’on ne voit qu’accompagné de chamans—me rappelant une nuit où, cheminant seul dans la fôret Péruvienne, j’éteignais ma lampe et où à ma surprise, le sol m’apparaissait jonché de feuilles fluorescentes.
La fôret encore, où au Chili ou en Colombie, je m’égarais. Je fis bien de ne pas traverser sur ce tronc, de ne pas aller vers cette falaise. Parfois le simple aboiement d’un chien est d’un réconfort inattendu. Étrange plaisir que de revoir l’ermite. M’attendait-il?
Elle aurait pu s’appeler Saskia. A Lima, ensemble nous nous tournions vers l’autel, et l’espace d’un instant nous serions réunis par un méandres du destin. Mais ce n’était que l’obscurité des catacombes que nous visitions.
Un oiseau , volage je suppose, blanche et douce colombe le matin, masque de corbeaux grimaçant le soir, dans un carnaval grotesque de clowns tristes à Olinda, aah, ôh, Linda, Samba!
Milford, le ciel était de feu, et seul je contemplais cette victoire.
L’or.