“Tagada, tagada, voilà les Dalton.”
Le joueur de carte se tortille sur la musique. Après Aznavour, voilà les Daltons. Ensuite il y aura Brel. Un peu de “ je ne sais quoi” dans ce bar Italien de Londres. Ici il y avait un garage où l’on réparait des scooters. Un jour ils ont acheté un de ces gros percolateurs, de quoi faire des expressos, des vrais, comme au pays. Et puis tant qu’à faire, il y aura aussi des “chioccolata calda”, les chocolats chauds Italiens, ceux qu’on mange à la petite cuillère.
On a commencé à venir pour le café. Alors les scooters ont fait un peu de place pour des tables. Dans la journée les vespas étaient sur le trottoir. Pour aller aux toilettes, il fallait passer derrière le comptoir, descendre un petit escalier qui menait à l’atelier. Pas de portes, un simple rideau, du cambouis, des outils.
L’atelier a fait la place à d’autres tables. Un poster de Truffault, “the 400 blows”, un autre de “Vivre sa Vie”.
Une carcasse de Vespa. Adossé au comptoir, le plus heureux des Vespas. Il est tombé mille fois, c’est relevé mille et une fois, pour être ici. Il reluque de son phare cyclopéen encore intact deux jeunes étudiantes— en architecture probablement— qui peaufinent leurs plans.
Au visage d’une, vieux Vespa aime à deviner des origines variées et exotiques. L’Amérique latine peut-être. La beauté des gens vrais.
Les joueurs de cartes jouent aux cartes, les discuteurs discutaillent, il y a une atmosphère de brocante, tout est dépareillé : du vieux jazz, du Cha-cha-cha, de la nostalgie. Pourtant, rare ici sont ceux qui ont passé la trentaine.
Aujourd’hui, il n’y a plus de chocolat chaud, il ne reste que du chocolat blanc chaud.
Du cote des étudiantes, le chat saute de sa chaise et s’en va voir ailleurs. L’architecte : “Don’t go! I love you!”
Scooter Caffe, 132 Lower Marsh, London SE1 7AE
Sur le comptoir il y avait un dessin.